Tim Benjamin

composer, writer, storyteller

Le gâteau d’anniversaire

avec Ivan Domzalski

An interview with CNIPAL director Ivan Domzalski, for the first performance of the opera 'Le gâteau d’anniversaire'

ID: En résumé, quel est votre parcours (études, récompences)?

TB: J’ai étudié avec Anthony Gilbert à la Royal Northern College of Music, en privé avec Steve Martland et à L’Université d’Oxford avec Robert Saxton où j’ai obtenu un Doctorat sur la thématique Economics of New Music.

En 1993, j’ai reçu la récompense BBC Young Musician of the Year, à l’age de 17 ans, pour mon travail Antagony. Trois ans plus tard, j’ai également remporté le prix Stephen Oliver Trust pour Opéra contemporain, pour mon opéra The Bridge.

Puis en 1998, j’ai reçu les honneurs de ‘Jeunes Espoirs de la Nation’ des mains de la Reine à Buckingham Palace.

En 2007 et 2009, Classical Music Magazine m’a nommé “Première de l’année” pour The Corley Conspiracy et Mrs Lazarus.

En qualité de compositeur quels ont été les moments importants de ce parcours?

Plus jeune, je suis allé en Pensionnat dans une école très traditionnelle réservé aux élèves issus de milieux modestes, Christ Hospital School. Nous portions des uniformes très médiévales et nous y étudiions plus la musique militaire qu’autre chose. C’est la-bàs qu’est née mon envie de devenir compositeur. Toutefois, elle est issue de l’adversité et de la rebellion car mes professeurs n’ont cessés de tenter de me décourager, préférant me pousser vers le Rugby. c’est alors que j’ai décidé d’apprendre par moi-même. J’ai commencé par le Trombone mais ne pouvant supporter les exercices que l’on me demandait de faire, j’ai commencé naturellement à composer les miens. Tout est parti de là. Je me suis ensuite inscris de ma propre initiative au concours de la BBC que j’ai remporté en 1993. C’est la volonté d’opposition au système établit qui a nourri ma volonté de composition. J’ai, par exemple, reçu rapidement le soutien du Daily Telegraph, soutenant ce type de démarche.
Pouvez-vous décrire le catalogue de vos oeuvres (nombre, genres différents...)?

Opéra / vocal: Le gâteau d’anniversaire (2010), Mrs Lazarus (2009) [avec Carol Ann Duffy], A Dream of England (2009), The Rosenhan Experiment (2008), The Corley Conspiracy (2007), The Bridge (1996) [avec David Edgar]

Chamber: Eine Erscheinung aus den Wäldern (2008), A Guess-Me-Knot (2008), Three Portraits (2007), Strange Loop (2007), Chaconne Canon Cancrizans (2007), String Quartet No. 2 (2006), Five Bagatelles (2006), String Quartet No. 1 (1997), Un Jeu de Tarot (1997)

Orchestral: An Account of a Sea-Voyage I Took Last September (2008), Concerto for Trumpet and Orchestra (2007), Muster Mark’s Quarks (1997), Antagony (1993)

Quels sont, selon vous, les outils que vous utilsez dans vos travaux? Avez-vous une méthode de travail particulière? Comment travaillez-vous à la composition?

En fait, je travaille très traditionnellement, crayon de papier, musique dans la tête et puis le piano pour vérifier. Je n’utilise l’ordinateur que pour confirmer.

Lorsque j’ai commencé, c’était le tout début de la composition par ordinateur, et je m’y suis initié. Toutefois, je me suis rapidement rendu compte que mon oreille devenait “fénéante” très rapidement. Elle avait perdu l’habitude de travailler. Du coup, je me suis remis à un mode de composition plus classique.

Comment pourriez-vous définir votre style? Quelles sont vos influences? D’après vous, quelle est la ligne de force principale de votre style?

Spontanément, j’aurais envie de répondre les Sex Pistols et la musique Punk!

Ensuite, je dirais la dernière période de Stravinski, Berg, Wagner, Mahler, la fin de Beethoven, Richard Strauss, Boulez... Je m’inspire énormément de la généreuse nature qui m’entoure ici dans le nord de l’Angleterre.

Dans l’ensemble, je crois que je me plais à décomposer les tonalités dans l’esprit de Shunberg ou encore Wagner. Le post romantisme qui a suivi les années 30, ces 5 petites années riches en création m’inspirent énormément et m’amènent à me définir comme un compositeur “moderne”.

A propos du “gâteau”, pouvez-vous nous expliquez la génèse de cette composition? Quel est le propos de cette oeuvre?

Le gâteau d’anniversaire a été conçu comme une investigation théatrale de deux sujets. Le premier est ‘l’oppression par’ et la ‘libération de’ au travers de nos coutûmes sociales (exemple, la St Valentin pour déclarer notre amour, les cartes à envoyer au nouvel an...). Le second est le pouvoir du subconscient et son influence sur le conscient au travers des rêves. Le tout assemblé dans une comédie burlesque mélangeant jeux de mot, gentilles moqueries et répliques pompeuses d’amateur de pain qui prend son origine dans le célèbre citation de Marie Antoinette “(s’ils n’ont pas de pain, ndlr) qu’ils mangent de la brioche”. Il y a également quelques “blagues” musicales, comme le C-major sous les mot “pain ordinaire”...). Plus tard, la comédie se prolonge avec la déclaration des droits de l’homme qui mène à l’appararition d’Olympe et Théroigne, clin d’oeil satirique à la déclaration des droits de la femme et de son invocation “Femme, réveilles-toi!”

La mise en musique du texte: quelles contraintes ou libertés?

J’écris la musique après le texte. Biensur, j’ai déjà des idées de certains passages de musique, mais ce n’est que l’écriture terminée que je commence composer l’image globale. J’entretiens ma liberté par une grande flexibilité à chaque étape. Toutefois, c’est souvent dans la contrainte que nous sommes le plus créatif...

Ecrire pour la voix: quelles sont, selon vous, les particularités de ce mode d’expression et comment les intégrez-vous dans votre écriture?

J’ai beaucoup chanté dans des choeurs, des oratorios en temps que basse-baryton. Et puis, j’ai commencé par faire des erreurs, c’est comme cela que l’on apprend! Ce fût l’avantage de pouvoir étudiez à RNCM, vous avez tellement d’opportunités de travailler avec des chanteurs en études, des chefs de chants, des musiciens d’orchestres que cela rend l’apprentissage plus facile.

Je me pose souvent cette question: “Pourquoi ecris-je cela pour être chanté?” La relation entre texte et musique doit être maximum. Chacun doit apporter à l’autre, être un complément, un plus!

Je crois assez à la forme d’art total dont parlais Wagner, “gesamtkunstwerk”.

Quel regard de musicien portez-vous sur la création musicale aujourd’hui?

Je pense qu’en matière de création musicale, l’aspect technique est très important. Il faut avoir des bases solides, connaitre et comprendre les anciennes techniques. Beaucoup ne place cette démarche qu’au second plan, étant obscédé par la volonté de succès, la célébrité. La musique moderne doit être tendance, mode... C’est une erreur! Cela nuit à la musique contemporaine. Cela rend la tâche difficile au public qui est amené un faire un tri selectif et essayer de trouver la pertinence musicale au milieu d’un flot constant de musiques bon marché, composées à la va vite pour rechercher une quelconque célébrité effémère. Principe de consommation, rapide!

A côté de cela, il y a des choses brillantes comme par exemple (je parle de ce que je connais) The Manchester School of Composers (60/70 Birthwistle, Maxwell Davies...ou plus récemment Ian Vine, Larry Goves...) qui partage une vision commune de la musique.

A l’écoute d’une oeuvre (en tant que public), qu’attendez-vous qu’elle produise (en termes sensibles) Votre musique prend t elle compte de ces émotions?

Je pense que mon côté compositeur prend rapidement le dessus. J’écoute, analyse, essais de comprendre pourquoi le compositeur a fait tel ou tel choix. J’attache une attention particulière aux détails techniques et puis je me demande comment moi je pourrais en faire autant, pourquoi. Je crois que c’est Stravinski qui disait quelque chose comme “un bon compositeur n’est pas celui qui emprunte mais celui qui vole”. J’aborde la musique d’une manière plus intellectuelle que sensible, déformation professionnelle je suppose. Je me passionne pour le langage de l’esprit, plus que celui du réél, j’analyse, psycanalise mon environement pour en décripter les indicices utiles laissés par nos subconscients.

La création est fortement soutenue en France par les Pouvoirs Publics. Elle apparaît comme nécessaire à la société. De manière globale, que pensez-vous du rôle social, politique et culturel de la création artistique? Comment vous situez-vous par rapport à votre environnement culturel?

Aux premiers abords, j’aurais tendance à dire que les généreuses subventions publiques peuvent rendre les artistes quelque peu paresseux et ne pas forcément desservir la création artistique dans sa globalité. Une nouvelle fois, je pense que c’est la difficulté, le combat, l’opposition qui donnent naissance à de grandes choses. Toutefois, dans l’idée de protéger une niche artistique contre le marché de masse, les subventions s’avèrent bénéfiques. L’exception culturelle française est d’ailleurs présente internationalement pour nous rappeler l’utilité de ce type d’aide.

De mon côté, je pense que le micro mécénat est une solution d’avenir. Par exemple, ma musique en accès gratuit sur mon site internet a été écouté dans plus de 59 pays l’an dernier, avec un contrat de common licence. Les pouvoirs publiques pourraient alors investir sur des lieux de diffusion et l’éducation dans les écoles, car la musique a besoin d’être diffuser au plus grand nombre.